Au seuil d'une confession
Au bout d'une ruelle d'un souk couvert de la médina de Tunis se dresse la magestueuse mosquée Zitouna, une des plus grandes et plus belle de la capitale.
L'endroit est ensoleillé et les marches qui montent jusqu'à son entrée sont comme un appel aux Fidèles et aux curieux dont je suis en de tels endroits. Une fois arrivé au seuil même de la mosquée, je me délecte la vue de la vaste cour intérieure au milieu de laquelle trône une sorte de pupître de pierres dont j'ignore le nom et un puits bas et peu large fermé par un couvercle de bois.
Sous le ciel bleu et immaculé, des dixaines d'oiseaux se sentent protégés par l'endroit et, profitant du nettoyage de ce lieu de recueillement, s'abreuvent, se rafraîchissent et s'ébrouent à l'eau qui s'écoule sur la surface aux carreaux anciens.
Je peux apercevoir les grandes salles de prières où une multitudes de tapis sont orientés en direction de La Mecque. Les poutres de bois sculptées et les lustres de cristal ne font que réhausser l'ambiance intérieure, sereine et particulière de ce lieu de prières.
Je m'approche d'un homme qui semble en être le gardien et lui demande si je peux entrer dans la mosquée. L'homme au visage sympathique, tout sourire, dans un français impécable, me répond :
"Je suis sincèrement désolé mais l'entrée de la mosquée n'est autorisée qu'aux personnes de confession musulmane.
"Mais comment pouvez-vous savoir que je ne suis pas musulman ? Parce que j'ai le profil européen ?
L'homme, toujours souriant, hésite à me répondre. Je poursuis :
"En me voyant, blanc et les yeux bleux, vous jugez que je ne suis pas de confession musulmane. Mais la religion quelle qu'elle soit n'est pas apparante. Puis-je entré ?
L"homme parait sincèrment désolé. Il m'ouvre la barrière en bois qui me sépare de la salle des prières et m'invite à entrer en disant :
"Vous avez entièrement raison, Monsieur. Seul, votre coeur et votre âme sont effectivement les seuls à savoir si vous pouvez ou non entrer. Eux et Dieu.Veuillez m'excuser.
Dans un geste fraternel et amical, je lui tend ma main, lui sourit et lui dit
"Ne vous excusez pas. Je ne rentrerai pas, je sais que je n'en ai pas le droit car, effectivement, je ne suis pas musulman. Et je respecte suffisament votre religion pour ne pas enfreindre cette règle. Et sachez que je n'ai pas de religion. Pour moi, les religions ne sont que première cause de racisme et de guerres au monde. Cependant, je respecte infiniment les croyances de chacun. Je crois en Dieu mais je n'ai pas de religion. Je n'ai pas besoin de textes ou de règles : ce qui se passe dans mon coeur, ma foi, n'existe qu'entre Lui et moi. Et pour entrer dans Sa demeure, je n'ai pas besoin d'autorisation car, pour moi, la Maison de Dieu est en nos coeurs. Dieu ne divise pas. Dieu est Amour. Donc Il est partout. Je suis partout chez Lui, Il est partout chez moi. Si j'entrai dans la mosquée, Dieu ne m'en voudrait pas et, au contraire, m'accueillerait les bras ouverts car nous sommes tous Ses enfants. Sans aucune différence, aucune distinction. Mais comme je vous respecte, vous et votre religion, je n'entrerai pas. Mais n'oubliez pas que la religion d'un homme ne se voit pas sur son visage : elle est dans son coeur. Trop d'hommes font cette grave erreur"
Il me serra la main puis l'enveloppa chaleureusement entre les deux siennes et dans un sourire, plongeant le brun de ses yeux dans le bleu des miens, me dit :
"Merci".
Une fois en arabe, une fois en français.
Photos extraites du site TUNISIA DAILY PHOTO
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