Voile de portes
Comme une jupe dévoile les jambes d'une femme, il laisse notre regard pénétrer au-delà. Au-delà de l'entrée secrête et réservée. Privée. La porte des maisons est habillée d'un rempart tissé contre les rayons pervers d'un soleil curieux et implacable. Aussi curieux et implacable que les regards qui entrent, sans permission, sans bruit, sournois, pour savoir.
Savoir que l'ombre est là, dans la cour intérieure, sous les branches compréhensives et protectrices d'un oranger, d'un néflier, d'un figuier ou d'un amandier.
Savoir que le bougaivilliers marie ses couleurs éclatantes à celles des rosiers en un combat loyal face au jasmin fier et désinvolte qui laisse floter sa floraisons parfumées en bouquets dispersés.
Savoir que la vie est là, calme et sereine, dans le silence d'une sieste apaisante avant l'ambiance familiale des soirée rafraichies.
Un brin d'air, il se soulève.
Voile de porte comme le rideau d'un théâtre attend d'être levé pour laisser entrer les artistes de la vie quotidienne en une improvisation dictée par le destin et l'instant.
Et moi, curieux, dans une indiscretion dissimulée et l'impatience de découvrir les fragments des répétitions cachées de ces scènes aux actes quotidiens rythmées par le temps entre nuits et jours, je deviens brin d'air et soulève le voile des portes des maisons de Tunisie.
Photos : P'tit Bob
Et si je ne vois rien, si le voile ne se soulève pas, que le brin d'air est trop léger, ou qu'il n'y a tout simpement rien à voir...
... j'imagine.