Le Cadeau

Publié le par ROBERT MARTIN

Derrière moi, je laissais entre eux mes amis. Je marchais dans ce paysage atypique. Beaucoup diront qu'il n'y avait rien à voir. Pour moi, l'endroit était magnifique et envoutant. Un appel.

Un désert de cailloux s'étalait devant moi, à droite à gauche. Partout. Un paradis de pierres. Je m'assis sur le sol aride, sous la surveillance de la Table de Jugurtha qui, comme une mère veillait ses enfants alentours. Des touches végétales résistaient, fières, comme un défit. On eut dit que, sous la chaleur d'un soleil dictateur, comme pour gagner du temps sur une souffrance inéluctable, elles poussaient déjà sèchées.

CadeauJ'étais enivré par ce lieu, et le mot n'est pas exagéré. Enivré par le bruit de son silence. L'endroit semblait muet par tant de dépouillement et de paradoxale beauté. Le temps n'existait plus. Tout s'arrêtait à cet instant. S'il existe des temples naturellement voués à la spiritualité, celui-ci, sans nul doute m'offrait ses trésors. Quelle étrange sensation ! Quel doux et insoupçonné bienfait ! Je vivais là une première fois. Une rencontre. Un milieu d'un nul part. Comme nul part au centre de moi-même.

Des hommes, des femmes, des enfants vivaient ici. Et leurs sourires, et leurs regards... Les mots me manquent... Inutile de les chercher, ils n'existent pas. Ils sont là-bas, avec eux. Avec leur silence roi. Avec l'âme de ce lieu. Un mot pourtant me vient : Pureté. Celle des éléments, du carrefour de la Vie. Tout y est si vrai et intact. L'air et la terre, comme sans pudeur, s'unissent devant nous à chacune de nos respirations et l'eau, même si elle semble rare, coule pour célébrer cette union.

Un autre mot s'impose aussi, soudain : Paix.

Cadeau_001_3Je regardais. Je contemplais. Aucun barrage ne pouvaient arrêter mes pensées. Venaient-elles en moi ? Sortaient-elles de moi ? Je ne le sais pas. Elles se bousculaient paisiblement. J'étais spectateur d'une histoire ancestrale, de l'histoire qui coule en chacun de nous. Spectateur et acteur. Voilà ce que j'ai ressenti. Jusque dans ma chair.

Là où certains, trop nombreux, seraient passés sans rien voir, il m'a été donné de regarder plus loin qu'avec les yeux, plus fort qu'avec le coeur et de ressentir plus intensément qu'avec les sens. Moi, j'y ai vu le Tout. Chaque pore de ma peau l'a absorbé. Jusqu'au coeur. Jusqu'à l'âme.

Ce lieu conjugué à cet instant m'a offert ce cadeau. Unique et inoubliable. Eternel. J'ai remercié...

...et j'ai pleuré.

Cadeau_002_2

Photos : P'tit Bob

Je vous emmenerais encore en cet endroit merveilleux dont je vous ai déjà parlé dans "Un pays pour l'amour"

(Voir rubrique : "Ma vie... quelque part".)

Publié dans Et si c'était vrai

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
"Des hommes, des femmes, des enfants vivaient ici. Et leurs sourires, et leurs regards... Les mots me manquent... Inutile de les chercher, ils n'existent pas. Ils sont là-bas, avec eux. Avec leur silence roi. Avec l'âme de ce lieu. Un mot pourtant me vient : Pureté."...<br /> j'aime beaucoup."le cadeau"...vous m'avez fait pleurer...sincèrements.<br /> MAGALIE.<br />
Répondre