Bou Kornine

Publié le par ROBERT MARTIN

La dernière page vient de se refermer sous mes doigt et je suis encore là-bas. Avec eux, Michel et Moez. Tout au long de leur histoire d'amour, j'étais avec eux. Oui, car il s'agit bien d'une histoire d'amour entre ce français né en Tunisie qui revient sur sa terre natale et qui, comme la Méditerranée sépare ces deux pays, ressent le fossé, la plaie de ses contractions, comme un être intérieur perpétuellement en combat avec lui-même, et ce jeune tunisien qui se dit étudiant et qui porte sur ses épaules le poids d'une culture et de non-dits évidents et paradoxalement criés en silence dans une société déchirée entre désirs, fantasmes, honneur et devoirs.

Un autre personnage est là aussi, plus présent peut-être que Michel et Moez : la Tunisie, ce pays que j'aime et où je marchais au fil des pages de cet ouvrage, et qui est la frontière invisible des sentiments entre ses deux êtres, qui entre mensonges, franchise, espoirs, renoncements, refus, envies, tourments, plaisirs, méfiances, douleurs et souvenirs d'enfance n'arrivent pas apprivoiser l'amour qui tourne autour d'eux comme un parfum envivrant et entêtant dont on ne peut se passer.

Boukornine_4Mais ce ne sont là que des mots. Les miens. Et ils ne valent rien face à ceux écrits par Michel Giliberti dans ce livre qui m'a parfois tiré les larmes au yeux et serré le coeur tant je me retrouvais à la fois dans chacun des personnages attachants qu'ils sont tous deux à leur façon tant ils se rassemblent et se ressemblent dans leurs différences.

Parfois, on passe à côté de choses belles et importantes qui, comme le temps, ne se rattrapent pas. La peur d'être aimé, celle de ne pas être à la hauteur des envies de bonheur que l'on souhaiterait pour l'autre, cet autre que l'on aime tant qu'on le voudrait semblable et si différent à la fois, font que l'on ne se livre pas totalement et que l'on marche le bord d'un précipice souvent trop profond n'ayant plus que le vertige des sentiments forts comme unique compagnon.

Et les mots qui blessent pour cacher des je t'aime...

Et les mots aveugles qui n'entendent pas le cri murmuré de ces je t'aime précieux. Qui ne veulent pas les entendre.

Et pourtant...

A la dernière page de ce livre, autobiographique -puis-je le dire ?- je n'ai qu'un regret : ne pas savoir ce que sont devenus ensuite Michel et Moez. Ensemble. Père ? Fils ? Amour ? Amitié ?

"Bou Kornine" de Michel Giliberti - Editions Bonobo

Voir le blog de l'auteur dans la rubrique "Mes ballades sur le net".

Publié dans Livres

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M
je flanais sur ton blog, j'ai dû cliquer sur un lien sur celui de Michel Giliberti. Tu parles admirablement bien de ce livre et ça me fait très plaisir. Parce qu'il est le premier de lui que j'ai lu , et que je partage tout à fait ton émotion. Il y a tant d'humanité dans ce récit et aussi une mise à nu sans complaisance,on ne peut pas rester insensible. Et moi aussi j'ai pleuré en lisant la lettre de Moez. Bonne soirée<br />
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V
Des commentaires qui donnent envie de découvrir cet ouvrage, où tout est réuni pour émouvoir, transporter, s'identifier.<br /> Tu me le prêtes bientôt ?<br /> Merci, je t'embrasse.<br /> Ta vévé<br />
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G
Très ému, Bob par tous vos mots qui valent bien les miens, croyez-le.je suis heureux que mon livre vous ait plu, et c'est évident qu'il vous parlerait, vous qui connaissait bien la Tunisie.<br /> Pour la petite histoire, Moez est toujours un ami, un modèle aussi pour mes tableaux,et j'ai su établir avec lui la relation que je voulais,c’est-à-dire une relation d'amitié très forte.Je mets souvent des photos de lui sur mon blog, d'ailleurs. On s'appelle, on s'écrit, on se voit et c'est un bonheur toujours renouvelé quand on se rencontre.<br /> Encore merci Bob, je vous embrasse,<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br />
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